Mot du Président
« A l’aube du troisième millénaire, alors que la mondialisation bat de l’aile, notre monde, le monde de la communication, se numérise en profondeur pour répondre, supposément, aux aspirations des masses de plus en plus avides de nouvelles technologies. Mais en fait, les pôles se sont inversés car aujourd’hui c’est l’offre qui détermine le besoin, et c’est là où le dirigisme se fait par le moyen de ce que j’appellerais une stimulation pavlovienne qui tend parfois vers l’hystérie collective. Et, et au lieu de se retrouver dans cette nouvelle forme d’« être », au lieu de mieux communiquer dans une sphère propice au brassage culturel et à l’échange civilisationnel, au lieu de communier humainement dans un environnement neutre et non discriminatoire, l’homme s’éloigne de son prochain, et l’« autre » est de plus en plus perçu comme une menace, voire même un péril.
Et c’est par ce fait que la digitalisation des rapports se transforme doucement en désintégration, perdant par ce fait son âme et sa raison d’être.
A l’aire de la communication globale, les fractures entre les hommes se multiplient, les fossés se creusent, et les frontières physiques et morales s’érigent séparant les peuples et les nations ; la peur s’installe là où la compassion doit régner, le déni s’accroît là où la solidarité doit se construire…
Et la rencontre se perd dans un tourbillon de suspicions et de menaces hypothétiques.
Le « Réseau Transméditerranéen de la Recherche en Communication » a compris les enjeux et a décidé d’établir des ponts au lieu de se plaindre des ruptures. Il s’est érigé en plateforme de réflexion, mais aussi et surtout de rencontre et d’échange pour des chercheurs en communication, venus du monde entier diagnostiquer le mal d’incommunication et proposer des alternatives durables.
Pourquoi Transméditerranéen ? Parce que la Méditerranée, qui aborde trois continents, a toujours été le berceau des cultures et le cœur battant du monde occidental, et continue d’être le lieu de la rencontre et de l’échange. Mais aussi parce qu’au-delà de ses limites c’est au sein du bassin méditerranéen que de nombreux peuples du monde retrouvent leur racines généalogiques et linguistiques.
Apporter notre petite pierre au grand édifice de la stabilisation du monde par le rétablissement de la communication entre les peuples et les cultures ; tel est modestement notre dessin. Et par le fait même que nos rencontres se font régulièrement chaque année depuis plus de deux décennies, et que nos échanges ont aidé plus d’un chercheur à mieux comprendre les enjeux de la communication tout comme les dangers de l’incommunication, et à les diffuser autour de lui, nous pouvons dire fièrement que notre action est constructive et que par cela nous avons atteint nos objectifs.
Les défis sont gigantesques et beaucoup de chemin reste à faire, nous en sommes parfaitement conscients. Mais nous sommes néanmoins confiants que l’impact de nos actions et réflexions est porteur et s’ajoute aux efforts des chercheurs du monde, qui aspirent à rendre à la communication ses titres de noblesse, et à la réorienter vers sa vocation initiale : Rapprocher les Hommes et connecter les cultures.»
Joseph Moukarzel, Président
Mot de la Présidente d'honneur
« Partager l’information, la transmettre librement constituent un des fondements de nos démocraties. Traditionnellement assurée par les médias, la diffusion de l’information est, aujourd’hui, bouleversée par un monde caractérisé par une complexité croissante, par la globalisation de l’ensemble des activités, par l’avènement du numérique et par l’extension des réseaux sociaux. La figure normée – idéalisée ? – du journaliste, formé par ses pairs, respectant une déontologie, vérifiant ses sources, assumant explicitement et publiquement une ligne éditoriale se brouille. Ces métamorphoses professionnelles sont le produit d’autres mutations techniques, économiques, culturelles, en même temps qu’elles affectent la société dans son ensemble
Le forum 2016, organisé avec la participation des Laboratoires I3M (Université de Toulon) et IRSIC (Aix-Marseille Université) et de l’EJCAM (Ecole de Journalisme et de Communication d’Aix-Marseille sur le thème « Information et Responsabilité sociétale »devrait permettre, de mettre en évidence la prépondérance du numérique chaque jour plus présente dans notre quotidien, de repenser la nature de la communication humaine .Cette dernière ne devient-elle pas, par le biais des TIC « machinisée » et quelque part « déshumanisante? ».
L’enjeu majeur de ce Forum est de promouvoir une communication responsable autour de pratiques nouvelles régulées à la fois sur le plan de la loi, de la morale et du bon sens qui permettrait une réflexion partagée sur les problèmes d’aujourd’hui , et, en même temps, un liant évitant les extrêmes et les dérives de toute nature ».
Professeure Lucienne Cornu, fondatrice du réseau